Quand on pense Herboristerie, en général la première image qui nous vient, c’est celle d’une boutique aux murs couverts d’étagères où sont entreposés toutes sortes de boîtes et flacons aux étiquettes indéchiffrables. Oui mais en quoi consistent les métiers de l’herboristerie ?
Un peu de législation
En France, le diplôme officiel d’Herboriste n’est plus délivré depuis la loi du 11 septembre 1941. Cette loi, votée par le régime de Vichy a supprimé le certificat d’État d’Herboristerie. Ses titulaires se sont progressivement éteints sans successeurs. Le métier d’Herboriste a ensuite pratiquement disparu en France.
Disparu ? Pas complètement… Dès les années 70-80, plusieurs écoles d’herboristerie sont nées et ont permis de faire perdurer ce savoir ancestral.
La législation actuelle permet à des non-médecins et des non-pharmaciens de vendre ou de conseiller les plantes médicinales, huiles essentielles et compléments alimentaires en vente libre. Une condition : respecter le monopole pharmaceutique et ne pas pratiquer l’exercice illégal de la Médecine. En effet, le diagnostic médical est strictement réservé aux Médecins.
Depuis 2018, la Fédération Française des Écoles d’Herboristerie (FFEH) poursuit activement sa démarche de demande d’enregistrement d’une certification de Conseiller en Herboristerie au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).
En attendant, l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales et des Savoirs Naturels, où j’ai effectué ma formation en Herboristerie, délivre un certificat d’Herbaliste. Ce terme Herbaliste nous vient de l’anglais « Herbalist », traduction de « Herboriste ».
Alors l’Herboristerie, qu’est-ce que c’est ?
L’Herboristerie est l’étude des plantes médicinales sous toutes leurs formes. Elle regroupe des connaissances botaniques, pour être capable d’identifier une plante dans son milieu naturel, mais aussi chimiques. En effet, les plantes sont riches en principes actifs, dont il découle des propriétés, indications et contre-indications, et des risques d’interaction. L’Herboristerie est également la connaissance des usages traditionnels ou plus récents des plantes, par la cueillette et la transformation en différentes préparations. Elle requiert des connaissances en physiologie humaine, et en diététique, afin d’être en mesure d’organiser un conseil global, associant les plantes et des mesures hygiéno-diététiques. Et bien sûr, c’est aussi la transmission de ce savoir, à travers le conseil, la vente, l’animation d’ateliers, de stages, sorties botaniques…
Ainsi, il existe une multitude de façon différentes d’exercer les métiers de l’herboristerie, par exemple :
- En complément d’une activité de Naturopathe, ou autre activité libérale
- En complément d’une activité paysanne : le paysan-herboriste produit des plantes médicinales, il cueille, transforme, vend ses produits sur les marchés ou en boutiques, il conseille…
- En magasin spécialisé en produits naturels : vente et conseils
« Être Herboriste est une façon d’être au Monde. Ça ne s’arrête pas le soir quand on a terminé notre activité professionnelle. C’est une forme de philosophie qui naît au plus profond de l’individu. »
Gilles Corjon, Docteur en pharmacie, enseignant et responsable scientifique à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales
L’infusion
Au cœur des métiers de l’herboristerie, il y a bien sûr la composition de tisanes avec des mélanges de plantes. Dans le commerce, on peut trouver les plantes sous différentes formes, cela fera l’objet d’un prochain article. Mais l’infusion reste la forme d’utilisation la plus simple, elle est l’héritage de l’herboristerie traditionnelle.
Se préparer une infusion est un moment agréable. C’est un temps pour soi, au cours duquel nous mettons tous nos sens à contribution. Et si on n’y prend pas garde, il peut même très vite devenir un rituel…
C’est aussi une occasion de nous relier avec les cycles de la nature, avec les traditions, et avec nos racines. La plante n’est pas un simple réservoir de principes actifs, parfois porteurs de contre-indications ou effets indésirables. Elle est un être vivant, en lien avec son environnement.
Herboristerie et Naturopathie
J’ai effectué ma formation initiale en Naturopathie, et je vous ai expliqué dans cet article ce qu’est la Naturopathie, ainsi que certaines notions fondamentales. Alors pourquoi en plus me former à l’Herboristerie ?
La formation d’Herbaliste de L’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales est une formation exigeante, qui s’étire sur 3 années, à raison d’un weekend par mois. Il est possible de la suivre à distance ou en présentiel soit au siège de l’Ecole à Lyon, soit à l’antenne des Hautes-Pyrénées. J’ai opté pour cette dernière option. Nous étions accueillis dans le Centre de Montagne d’un petit village par une équipe aux petits soins. L’équipe pédagogique est formidable. Elle est composée de botanistes, ethnobotanistes, pharmaciens herboristes, chimistes, médecins homéopathes. Avec au moins une passion en commun : celle des plantes médicinales bien sûr… C’est une merveilleuse aventure, non seulement végétale, mais aussi humaine.
Que m’a apporté cette formation complémentaire ? Les connaissances botaniques sont pour moi d’une grande importance. Ce travail de terrain nous permet d’apprendre à identifier la plante dans son milieu naturel, et de comprendre les interactions entre la plante et son – notre – environnement. Il m’a également permis de me sensibiliser au respect de la ressource et à la protection de l’environnement. Car en Herboristerie, comme ailleurs, nous sommes invités à faire des choix de consommation éclairés.
Grâce à cette formation, j’ai pu acquérir des connaissances plus poussées en chimie des plantes, ce qui me sécurise dans mon utilisation et mes conseils. Les plantes sont un puissant et formidable outil, mais, on l’a dit, elles sont aussi d’une extraordinaire complexité. Une seule espèce peut contenir jusqu’à plusieurs centaines de molécules chimiques différentes. C’est ce qu’on appelle le totum de la plante. Les études scientifiques ont montré que le totum a une capacité d’action supérieure à celle d’un composé isolé. La plante n’est pas qu’un simple réservoir de principes actifs. Elle est une entité, dont le tout est plus riche que la somme des parties. L’utilisation du totum de la plante améliore également sa tolérance. Un composé à forte activité utilisé dans un totum voit souvent sa toxicité tempérée par la présence des autres constituants.
Pour conclure…
Lors d’un conseil en Herboristerie, nous considérons la santé de manière durable. En effet, nous favorisons la rééquilibration durable du terrain, pour permettre à l’organisme de maintenir sa cohésion interne, son homéostasie, par une action globale et physiologique. Nous cherchons à optimiser les mécanismes auto-réparateurs inscrits dans la nature même du fonctionnement de l’organisme, pour favoriser un retour à l’état de santé.
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